Avec Galilée, la science fait un énorme bond en avant. Qu’invente-t-il en réalité ? Il invente des méthodes lui permettant de quantifier et mathématiser ses observations. Il fait passer ses observations de la nature sur un plan de référence géométrique et mathématique. En calculant la vitesse et l’accélération de la chute des corps à partir d’une stratégie lui permettant de mesurer des angles et des proportions il arrive à produire des raisonnements favorisant la découverte d’un ensemble de lois physiques pratiquement impossible à imaginer par le seul usage de nos sens. Il est difficile de remarquer les indices qui nous informent sur le mouvement de la terre autour du soleil. Ce faisant, Galilée contourne le problème que pose le fait que nos sens nous trompent, ce que Descartes avait bien vu lui aussi. (Peut-être vous souvenez-vous du Discours de la méthode étudié en 102.)
C’est à nouveau tout le problème de la représentation qui nous tombe dessus ici. Mais au lieu de généraliser, à la manière des aristotéliciens, uniquement à partir des qualités sensibles qu’ont les corps, comme leur poids, leur texture, leur forme, il construit ses raisonnements en s’appuyant sur des expériences qui lui permettent de quantifier les données de l’observation. On ne parle plus de la lourdeur d’un objet par exemple mais de son poids. C’est grâce à ces expériences, ces calculs et ces raisonnements que la loi de la chute des corps et la loi de la gravitation ont pu être formulées. Exprimées en langage mathématique, ces lois sont abstraites au point de défier nos expériences sensibles, par contre lorsque soumise à l’expérimentation ces représentations abstraites s’avèrent plus explicatives que celles fondées sur le seul usage de nos sens.
Est-ce l’ultime garantie pour ne pas confondre réalité et représentation? Pas nécessairement car la raison instrumentale qui n’est pas étrangère à cette démarche sera mise à contribution contre les sorcières. Étonnant!