À travers la culture populaire, un problème persistant de représentation participe à un mouvement d’effacement et d’ignorance face à plusieurs groupes marginalisés. Dans le cas des Premières nations, un autre obstacle s’ajoute au premier : la difficulté réside non seulement dans le fait de trouver une représentation de ces derniers en soi, mais une représentation juste et exacte. Parmi les pires exemples depuis les grands débuts du cinéma et de l’animation, on retrouve Peter Pan (1953), The Searchers (1956), The Lone Ranger (2013) et même Pocahontas (1995). Cependant, Avatar The Last Airbender (2005) de Michael Dante DiMartino et de Bryan Konietzko est la seule série, à ma connaissance, qui a su illustrer non seulement les populations indigènes de façon juste, mais également les problèmes sociaux et politiques qui viennent inévitablement avec leur histoire. En effet, les auteurs ont créé un monde fictif et se sont inspirés des cultures asiatique et même indigène, plus particulièrement du peuple Inuit pour les Tribus de l’Eau. Ils abordent de sujets majeurs tels que le colonialisme et le génocide culturel avec des parallèles métaphoriques intéressantes, comme celui de l’impérialisme japonais. Ainsi, nous pouvons utiliser la série en tant que médium pour réfléchir et analyser les problèmes des Premières nations ainsi que de nos relations avec les autochtones.

            Dans un premier temps, il est nécessaire d’établir la pertinence de comparer le monde fictif d’Avatar à la réalité des cultures autochtones. La série est établie dans un contexte de guerre, où la Nation du feu cherche à étendre son pouvoir à travers le monde entier, et ce, en assujettissant toutes les populations dans un mouvement impérialiste. Les conséquences de leurs actions se traduisent sans ambiguïté par un génocide, une oppression culturelle et une dégradation intellectuelle. Être esclave au service de l’économie de l’Empire, les éloigner de l’industrie locale, retirer les compétences vitales de la communauté autochtone et réduire le niveau de vie de leur population: c’était une tactique de colonisation incroyablement courante. Les motifs sont toujours liés à l’oppression, révélant fondamentalement la colonisation comme un effort de l’idéalisme cruel et aveugle. Tout comme avec les Premières nations de notre monde, les Tributs de l’eau sont victimes de la soif de pouvoir des forces colonisatrices, tous deux ayant perdu une grande partie de leur héritage culturel dans un contexte sociopolitique instable. Cela pose donc la problématique suivante : est-il possible de défaire les répercussions du colonialisme au sein de la communauté autochtone? Serait-il possible de rétablir l’état pré-colonialiste de ces populations, autant au niveau culturel que social ? Bien sûr, il est impossible de retourner à l’état exact du passé, mais certaines actions peuvent être posées dans l’intention d’aider ces communautés à cicatriser et à guérir. Dans Avatar, lorsque les protagonistes retournent au Pôle Sud suite à la Guerre de Cent Ans, ces derniers sont confrontés à une réalité différente à la leur : les infrastructures sont plus développées et la technologie est beaucoup plus avancée, en raison de la prolifération de la technologie de la Nation du feu. Cependant, l’aspect le plus frappant pour Katara est le fait que les enfants n’apprennent plus les histoires culturelles de son enfance. Ainsi, les auteurs mentionnent ici leur point de vue sur la décolonisation : elle commence par valoriser ainsi que  revitaliser les connaissances et les approches autochtones. Dans notre réalité à nous, cette démarche peut également être entreprise, voire même qu’elle l’est déjà. Celle-ci débute avec une éducation et surtout une décolonisation de nos méthodes de pensée. Le processus est long et continu, il exige que nous soyons tous impliqués et responsables collectivement. Décoloniser nos institutions signifie que nous créons des espaces inclusifs, respectueux et honorant les peuples autochtones. Cependant, cette approche est quelque peu romantique, dans le sens qu’une élévation de la culture et de la spiritualité ne constitue pas une action en soi. La décolonisation offerte ici ne fait pas face aux dépossessions territoriales et à l’intégrité des vies autochtones, elle est davantage métaphorique, mais celle-ci demeure nécessaire afin d’établir de réelle relation avec les peuples autochtones.

            Dans un deuxième temps, maintenant que nous avons établi le premier obstacle rendant difficile nos relations avec les Premières nations, il faut réfléchir sur la réconciliation avec ces derniers. Avant même de commencer la réflexion, encore faut-il se demander la question suivante : est-il possible pour nous d’agir sur l’acte de réconciliation ? Est-il de notre devoir (ou de notre place) d’aborder ce sujet ? Encore une fois, Avatar peut agir en tant que médium afin d’atteindre la solution. L’harmonie étant un thème important, la série nous invite à se demander en tant qu’individu s’il est réellement possible de réparer les dommages des actes commis dans le passé. Une grande majorité du développement d’Aang découle de la réalisation que ce dernier n’est qu’un individu appartenant à un plus grand tout, celui de l’Univers. L’essence même de son personnage provient de la valeur d’humilité, et c’est dans cette notion que la réconciliation peut être essayée. Les auteurs sont clairs par rapport à ce sujet : la réconciliation peut uniquement se produire lorsque les deux parties sont égales, ou du moins se considèrent égales. Par exemple, autant avec les maîtres d’éléments et qu’avec les personnes privilégiées dans notre société, le fait de diminuer leur influence et leur statut en tant que classe était presque nécessaire pour améliorer le niveau de vie de ceux de classes sociales inférieures. Ainsi, avant même de penser à se réconcilier avec les Premières nations, il faut les aider afin de réduire les inégalités sociales.

En somme, Avatar démontre des concepts politiques complexes, tels que le colonialisme et l’impérialisme, tout en divertissant à travers un monde fantaisiste. À partir de la série, il nous est possible de comprendre et de réfléchir par rapport à ces idéologies et aux obstacles qui obstruent nos relations avec les peuples autochtones. Le message des auteurs nous invite à décoloniser nos méthodes de pensée et à considérer les valeurs telles que l’humilité et le respect au sein de nos réflexions par rapport à nos relations avec les Premières nations. Dans une volonté de s’éduquer davantage par rapport aux cultures autochtones, je vous invite à consulter deux vidéos sur Tiktok. Shina Nova, une fille Inuit, et Kayuula Nova, sa mère, ont chacune un compte, respectivement @kayuulanova et @shinanova, où elles partagent différents aspects de leur héritage, tel que le chant de gorge et la préparation de viande de béluga.

@shinanova

Some of our favorite traditional meal, « Mattaq » #indigenous #inuit #culture #beluga #traditionalfood @kayuulanova

♬ original sound – Shina Nova

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