
À travers le temps, les communautés autochtones ont subi le mode de pensée, la culture et les manières des Occidentaux. Toute la société moderne et l’idée de la rationalité instrumentale, l’objectivation, le capitalisme (exploitation de ressources) envahissent désormais l’espace public et forment une histoire de répression lors de la colonisation. La politique en place lors du colonialisme était l’assimilation voire l’extermination. Il est désolant de constater que l’histoire enseignée au secondaire n’a pas changé depuis plusieurs générations, alors que celle-ci est de plus en plus découverte. Les manuels ont donc gardés le point de vue des dominants.
Plan de l’enquête
- Questions philosophiques (exemples)
- Réflexions autour de concepts
- Analyse des textes lus dans le cadre du cours
- Analyse de source (périodiques, œuvres et livres)
- Conclusion
- Plan de la dissertation
- Dissertation
- Médiagraphie
Exemple de questions philosophiques
- Comment pouvons-nous entrer en relation avec les cultures autochtones tout en ayant un bagage culturel différent?
- Quels sont nos aprioris face aux cultures autochtones?
- Dans quelle mesure les actions posées par le gouvernement actuellement ne tiennent pas compte de l’idée même de relation?
- Quel est le rôle de la littérature dans notre relation avec les cultures autochtones?
- Le rationalisme est-il une barrière pour notre compréhension face à la vision qu’ont autochtones du territoire?
- En quoi le nationalisme québécois entre en contradiction avec la reconnaissance des peuples autochtones?
Réflexions autour de certains concepts
Aprioris : Nous devrons donc étudier nos aprioris face aux cultures autochtones. En effet, prendre cette culture en elle-même comme sujet d’étude pourrait être délicat puisqu’elle n’est pas nôtre. Réfléchir sur ce qui fait obstacle à la possibilité d’entrer en relation avec les cultures autochtones peut donc être une bonne porte d’entrée. Pour faire cette déconstruction de nos aprioris, nous pouvons aller là où il y a une possible expérience de la culture autochtone. C’est-à-dire, dans la littérature. Dans la poésie, le langage permet de voir en dehors de ce que les mots veulent dire au sens littéral (comme nous l’avions vu avec lors de notre enquête sur le Hip-Hop).
Culture autochtone : l’écoute dans les communautés est au-delà de la simple conviction, c’est un élément à part entière de la culture. Certaines langues autochtones n’ont pas de pronoms possessifs, c’est hors de notre portée, puisque nous sommes biaisés par le discours dominant imposé qui prône la propriété privée. Nos normes, nos habitudes, nos modes de pensée sont tellement éloignés de celle des cultures autochtones qu’elles peuvent être mises à l’épreuve dans une potentielle relation. Nos représentations nuisent à notre compréhension des cultures autochtones. Enfin, dans la culture de la nature les cultures autochtones ne se distancient pas comme nous de la Nature.
Individu: L’idée de « l’individu » repose en grande partie sur une construction sociale abstraite, c’est un mode de représentation de notre rapport au réel. Dewey met en place une philosophie de l’expérience plutôt que de la connaissance. Ainsi, selon ce penseur, notre rapport au réel est déterminé par l’utilité, les conséquences utilitaires de quelque chose, alors que pour les autochtones, ils ne voient pas les choses d’un point de vue pratique seulement, mais plus spirituellement. Beaucoup de catégories que nous avons déterminées et que nous considérons aujourd’hui comme « innées » dépendent de notre culture. Par exemple, les trottoirs pour nous sont une propriété de la ville alors que pour un autochtone, il se trouve simplement couché sur la terre voire la Terre.
Histoire : L’histoire dans les livres conçus pour éduquer les jeunes, est faite par le dominants et perpétue le rapport de domination en montrant une image faussée des cultures autochtones. En effet, depuis que nous sommes au monde, l’histoire n’a pas changé bien que notre regard collectif sur la question autochtone ait avancée. Il est aberrant de constater que l’éducation de nos parents a été à peu de choses près la même que la notre alors que le récit n’est, pour sa part, plus du tout comme avant. Ainsi institué dès notre plus jeune âge, nous aveuglés et baisés. Il s’agit d’une preuve supplémentaire que la reconnaissance (et qu’une relation) n’est pas atteinte puisque l’on se trouve encore dans une politique d’assimilation. « Nous avons longtemps été dépossédés de notre parole puisque les livres écrits sur nous étaient toujours signés par d’autres. » Joséphine Bacon

En réfléchissant plus profondément aux différents concepts souvent abordés lorsque les communautés autochtones mentionnées, on remarque que le gouvernement actuel est prêt à reconnaître les nations, mais n’est pas prêt à être en relation avec eux, car il n’est pas prêt à être transformé par ces dernières. Le gouvernement fera ainsi des concessions, mais ne comprendra pas le problème et la source de ce dernier. Par exemple, les caribous représentent, pour les autochtones, un symbole important, un esprit. Pour le gouvernement, il s’agit d’un animal comme un autre, une donnée que l’on peut mettre dans un dossier. Du côté du territoire, on voit un décalage tout aussi grand dans la manière de se représenter le monde. Pour nous, c’est une chose cartographiée, apprivoisée qui s’incarne à travers une privatisation et une exploitation démesurée alors que chez les innus, le territoire est fait de récits qui construisent le rapport à la terre.
Il est également important d’approfondir le concept de reconnaissance dont il est véhiculé une image très positive dans les médias. On pense que c’est synonyme d’établir un rapport égalitaire, mais en fait, il s’agit du maintient d’une certaine structure hiérarchique. Les institutions continuent de se hisser au-dessus d’autres peuples en « acceptant » de reconnaître les premières nations comme si, sans leur regard, elle n’existaient pas, voire ne valaient rien. La relation, quant à elle, a un effet de transformation. Quand on a un groupe composé de plusieurs partie, chaque partie fait ressortir du groupe des caractéristiques nouvelles. C’est plus engageant d’entrer en relation que d’avoir un lien de reconnaissance, car il y a une réciprocité du lien et on s’engage à pouvoir changer. Ce qui nuit à notre capacité à rentrer en relation et à s’ouvrir (aprioris, préjugés, mythes) pourrait être la solution à cette impasse. On peut essayer de créer un lien avec leur littérature (territoire poétique), pour se disposer à entrer en relation.
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Analyse de textes lus dans le cadre du cours
- Coulthard, Glen Sean, Peau rouge, masques blancs, Éditions Lux, Montréal, 2018

« la politique de la reconnaissance telle qu’elle apparaît dans sa forme libérale actuelle reproduit inévitablement les configurations du pouvoir étatique colonialiste, raciste et patriarcal que les demandes des peuples autochtones en matière de reconnaissance essaient pourtant de transcender depuis des décennies. » Dans son texte, Glen Sean Coulthard souligne les nombreux défaut de la politique canadienne face aux piètres tentatives de « réconciliation » avec les communautés autochtones.
« Taylor suggère qu’au Canada, le peuple québécois et les peuples autochtones sont deux exemples parfaits du type de minorité menacée qui devrait recevoir une forme de reconnaissance visant à accommoder leur singularité culturelle. Pour les peuples autochtones en particulier, cela impliquerait de leur octroyer une «autonomie» culturelle et politique grâce aux institutions d’«autogouvernement. » Il es intéressant de constater qu’au Québec, l’enjeu de la reconnaissance est, en plus d’être un enjeu avec les communautés autochtones, une question encore d’actualité avec le reste du Canada anglais. Ainsi pris dans une position à la fois de dominants et de dominés, le peuple québécois se trouve au centre de l’impasse.
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- « Joséphine Bacon », s.d., dans Remi LAROCHE, dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=5766 (Page consultée le 6 mai 2022).

Les cultures autochtones vont interpréter, comprendre et appréhender la réalité et les faits d’une façon de celle prônée par la culture occidentale. Par exemple, pour Joséphine Bacon, le caribou est une spiritualité, maître des caribous. Leur disparition et leur sort inquiète donc la communauté innue. De l’autre côté, le caribou qui représente un chiffre parmi des statistiques, des ressources naturelles en train de se perdre représente également un sujet d’inquiétude pour les ingénieurs forestiers. Les deux sont des manières de penser, d’être en rapport avec la nature différentes, mais valables. Une basée sur la rationalisation de notre rapport à la nature, et l’autre est basée sur des croyances. Les deux manières ne sont que des perception légitimes possibles de la réalité. Un des problèmes, c’est que du côté de la rationalité on pense que notre manière de penser est plus « vraie » et vaut mieux que la mythologie des autochtones dite « irrationnelle ». Les dominants dans ce cas, ne font pas juste avoir le pouvoir, mais impose leur vision du monde. Avoir des visions contraires est plutôt normal puisque l’on n’a pas la même culture, mais le problème repose dans le fait de se croire supérieur. « Un jour, dans le Nutshimit, l’intérieur des terres, avec la construction du barrage hydroélectrique de la baie James, Kaniapishkau, qui était une grande étendue d’eau, est devenu un lac immense. Les caribous le connaissaient. »
« Mais lorsque, comme moi, on appartient à un peuple minoritaire dont la langue et la culture, menacée d’extinction, ont été la cible d’une politique d’éradication, faire acte de présence est déjà un geste de désordre politique. » Dans cet extrait, critiquant la culture dominante, j’en viens à me demander comment la nation québécoise peut-elle perpétuer un sort qu’elle subi elle-même. En effet, ayant été presque anéantie sous une politique d’assimilation par l’Angleterre, le Québec devrait être mieux placé que quiconque pour comprendre cette douleur. Peut-être est-ce même entre autre l’aveuglement (et donc notre apriori) lié à notre propre désir d’émancipation qui biaise notre vision.
« Si la relation est basée sur l’égalité, l’échange, la curiosité et le respect de l’autre, l’harmonie apparait. Je crois au pouvoir du dialogue et de la co-naissance. Il nous faut créer un nouvel ordre porté par des créations communes. » En abordant le concept de la relation, Joséphine Bacon souligne que cette notion ne peut être envisagée s’il n’y a pas de dialogues et « d’échange ». Ceux-ci peuvent passer par la culture et, plus précisément, par la littérature.
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- Comparaison entre le texte de An Antane Kapesh (1975/2019) et le rapport de la « Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics : écoute, réconciliation et progrès » (2020)

En comparant ces deux textes, on peut voir que le langage apporte un regard totalement différent et, ce, malgré que la langue utilisée soit la même. En effet, selon les mots et le niveau de langage cela ne donne pas au lecteur la même impression. Du côté D’An Antone Kapesh, le texte est beaucoup plus subjectif, mais il relate des faits réel et laisse donc voir le ressenti, la vision et le point de vue de la communauté. À la base écrit en Innu, « Je suis une maudite sauvagesse » se présente comme un texte caché (d’un dominé pour d’autres dominés) et est donc dépourvu de la théâtralisation que laisse entrevoir le texte de la commission d’enquête en utilisant un langage officiel, mais artificiel.
« Êtes-vous d’accord que je détruise votre territoire? Êtes-vous d’accord que je construise des barrages sur vos rivières et que je pollue vos rivières et vos lacs? Avant que vous n’acceptiez ce que je vous demande, réfléchissez bien et essayez de bien comprendre. » Dans cet extrait, les barrages électrique perçus comme une grande avancée et un grand projet par la nation québécoise fut en réalité très néfaste pour les communautés autochtones étant donné que cela a pollué le territoire et modifié la faune et la flore.
« Nous, par exemple, sommes vraiment harcelés par les Blancs parce qu’ils veulent à tout prix être les maîtres dans notre territoire. » Les Québécois ont d’ailleurs utilisés ce slogan « Maîtres chez nous! » pour se définir. Il est tout de même paradoxal de penser que pour s’affirmer, le peuple québécois doit renforcer son appropriation du territoire qui, pourtant, ne lui appartenait pas il n’y a pas si longtemps.
« D’autre part, les historiens tendent à évacuer autant que possible les Premiers Peuples de l’histoire nationale. Aussi tard qu’en 1950, Lionel Groulx légitime la conquête de l’Amérique en évoquant un territoire quasi désert à l’arrivée des Européens : « [a]u Canada, on avait affaire à un pays aux espaces immenses, mais presque vides, peuplé de rares tribus indigènes, celles-ci capables tout au plus d’une insignifiante collaboration économique ». » Les livres d’histoire sont, encore aujourd’hui, désuets et ne raconte pas l’histoire du point de vue des autochtones.
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- « Seule la terre est éternelle », s.d. dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=963 (Page consultée le 6 mai 2022).

« Nous devons accepter le fait que la plupart d’entre nous souhaitons connaître seulement ce qui nous convient, et que les pédagogues n’ont fait que de timides percées dans cette direction. » Il est souvent entendu que de penser au sort qu’ont subi de nombreux autochtones attise trop la culpabilité de certains et que l’on préfère éviter d’y penser, car ce n’est pas « nous » qui avons commis ces horreurs, mais nos ancêtres. Toutefois, je ne peux m’empêcher de penser que cette culpabilité découle d’une responsabilité. Bien entendu, ce n’est pas l’individu du 21e siècle qui est parti en bateau pour une mission dans le nouveau monde, mais c’est cet individu qui perpétue les tendances colonialistes de la politique. On peut penser entre autre à la loi sur les Indiens qui réduit les autochtones à un statut de mineur. C’est également cet individu qui a un pouvoir d’action aujourd’hui pour changer les choses de façon radicale. Cela peut passer par l’éducation. Effectivement, plus on s’informe, moins on a tendance à accepter les préjugés véhiculés par la société. Il est déplorable de voir que, encore et toujours, « L’histoire des peuples indiens est encore souvent enseignée comme si tous ces gens étaient morts. »
« Il existe de toute évidence des milliers d’individus comme moi-même qui barbotent dans leur propre sentiment d’injustice et qui grincent avec la roue, « mon problème est plus grave que le tien ». » Dans le contexte de la nation québécoise, la culpabilité ressentie peut être amoindrie par cette tendance à se victimiser soi-même et à chercher celui qui fera le plus pitié. En fait, il est absurde de comparer ainsi les répression de peuples pour trouver celui qui a le plus souffert. Deux histoires de répressions peuvent être comparées, mais pas en compétition.
« Dans mon propre cas, qui n’a rien d’inhabituel, j’ai appris beaucoup de choses sur l’habitat avant d’apprendre à connaître les gens qui vont avec cet habitat. La nature de nos prédécesseurs était à peine enseignée à l’école, sinon pas du tout. » Plusieurs auteurs abordent le thème de l’éducation comme étant un problème de taille. En effet, comme mentionnée précédemment, l’éducation est un bon moyen d’éradiquer ou tout du moins de diminuer la discrimination. Cependant, si cette dernière comporte elle-même ces préjugés et ces aprioris, elle ne peut enrayer la xénophobie à l’égard des premières nations.
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- « Théorie de la justice (1987) », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=955 (Page consultée le 6 mai 2022).
Universalisme : Une conception d’un concept comme celle de la justice qui devrait être bonne pour toutes les sociétés tout comme l’inertie est bonne (juste, vraie…) pour tous les corps.

Théorie de la justice : C’est une théorie du contrat sociale empruntée à Jean Jacques Rousseau qui imaginait l’humain à l’état de nature qu’il observait dans les Amériques. Il essaie de réfléchir à une société de droit qui permettrait une égalité et une inclusion. Sa théorie repose sur une conception universaliste. Ce philosophe se situe aussi dans le rationalisme. En se basant sur la rationalité occidentale, on peut contourner nos aprioris et rentrer en relation avec des manières de penser qui repose sur des choses très différentes de la tradition occidentale. Avec l’avènement de la science moderne(Descartes, Galilée et Einstein), les lois les plus importantes comme la gravité découlent d’expérience de pensées. On peut donc penser que ce genre d’expérience ont donné lieu à des découvertes qui ont améliorer notre connaissance du monde extérieur.
Rawls utilise donc un exercice de pensée pour arriver à des résultats similaires dans le domaine de la justice et de nos institutions. Pour trouver ces idées universelle, il faut toutefois se défaire de nos habitudes qui nous fournissent des idées sur le monde. La solution se trouve donc dans le détour par l’imagination. Une certaine dualité entre la raison et l’imagination a été installée alors que les grandes découvertes de la rationalité on tété faites à partir de l’imagination. Dans le cadre des cultures autochtones on critique avec la rationalité la conception issue de l’imaginaire du monde qu’ont les communautés autochtones. L’imagination est à la fois ce qui nous trompe et la solution face à nos illusions. L’imagination peut engendrer des idées très néfaste (exemple de la figure de la sorcière), puisqu’elle tient ses sources provenant du monde extérieur (illusions découlant des sens). Lors d’une expérience de pensée, un contexte impossible à expérimenter peut être créé.
Rawls cherche donc à imaginer (en s’inspirant de Rousseau) un moment où les humains ont fait rationnellement une délibération au cours de laquelle ils se seraient entendu sur un contrat social universel et moins néfaste. Il s’est aussi inspiré de Kant: il ne voulait pas prendre l’humain comme moyen en vue d’une fin pour éviter l’instrumentalisation de l’être humain.
Conclusion de l’exercice réalisé en classe : John Rawls laisse la propriété privée contrairement à l’exercice que nous avions réalisé. Tout au long du cours nous avons d’ailleurs répudié l’idée de la propriété privée. Cependant, je pense qu’il y a un écart entre la propriété privée de moyens de production et du territoire et la propriété personnelle décrite par Rawls. En effet, avoir un objet qui peut avoir une valeur symbolique n’est pas équivalent à détenir une partie du territoire voire de la Terre. La théorie de Rawls est plus ou moins universelle, car malgré le voile d’ignorance, on peut être biaisé par notre système politique. Dans le cas des premières nations, on peut penser que l’idée même de chercher une universalité (lois universelle) est absurde dans la vision des cultures autochtones. L’idée même de loi pourrait être un apriori en soi de la société occidentale. « Nous remercions le Blanc de ses lois et règlements mais ils ne nous sont d’aucune utilité parce que nous, qui sommes Indiens, ne comprenons rien à la loi des Blancs de toute façon. Que le Blanc garde ses lois et règlements et qu’ils lui servent à lui, parce que c’est de sa culture qu’il s’agit. » An Antane Kapesh
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Analyse de source (périodiques, œuvres et livres)
- PLAMONDON, Éric. Taqawan, Montréal : Le Quartanier, 2018, 214 p. (Coll. « Écho »).

Dans ce livre et, plus précisément dans le chapitre 39, il est présente deux points de vue complètement différents sur une question très polarisante qui me tient particulièrement à cœur : l’indépendance du Québec. Alors que pour certains l’indépendance du Québec présente une chance de se sortir de l’oppression de la majorité anglophone du Canada, d’autres soutiennent que la situation des Québécois ne vaut pas celles des autochtones qui se meurent entre deux gouvernements incapables de s’entendre.
Dans ce chapitre, la phrase m’ayant particulièrement marquée est la suivante : « Pourquoi le gouvernement québécois ne veut pas donner aux Indiens ce qu’ils demandent lui-même au gouvernement canadien? Pourquoi faut-il un droit à la culture et à la langue française à l’intérieure du Canada, mais pas de droit à la culture et à la langue Mi’gmaq à l’intérieur du Québec? » (p.126)
Encore de nos jours, ce reproche est souvent fait au mouvement nationaliste qui souhaite la création d’un gouvernement capable de prendre des décisions par lui-même. En effet, le gouvernement du Québec devrait agir dans l’immédiat pour se réconcilier avec les peuples autochtones. Cependant, le palier fédéral rend les actions plus difficiles à appliquer. Sans remettre en question la nécessité de changer les choses, la lutte entre les pallier gouvernementaux (provincial et fédéral) ne peut être écartée de l’addition.
« « Maîtres chez nous! », c’est encore vrai. » De ce slogan nationaliste pouvant sembler banal, on peut tout de même constater à quel point la propriété privée est une conception ancrée dans notre histoire et dans notre mentalité qui influence notre vision du monde.
« Mais le 19 juin 1981, pendant que des milliers de Québécois regardent Céline à la télé pour la première fois, des centaines d’Amérindiens forment des barricades autour de la réserve de Restigouche en prévision d’une seconde descente. Ce n’est pas qu’un rêve. » Les deux luttes (celles des Québécois et celle des Autochtones) semble être en opposition.
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- MOLLEN DUPUIS, Mélissa. Paroles autochtone: Les mouvments nationalistes, Radio-Canada, 10 sept. 2019, 3 min 58, dans Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=njSgDiz3l8I&ab_channel=Radio-CanadaInfo (Page consultée le 1er mai 2022).
Cette vidéo mentionne que les mouvements nationalistes et séparatistes ont une tendance assez récente à inclure la question autochtone dans le phénomène. On mentionne deux mouvements plutôt opposés. Le premier aurait tendance à instrumentaliser les peuples et les cultures autochtones pour clamer le droit à l’indépendance, alors que le second vise plutôt à réfléchir aux gains possibles pour les premières nations d’une future séparation avec le Canada qui, jusqu’à lors, est responsable des réserves et des communautés.
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Conclusion
En résumé, l’obstacle que représente nos aprioris face aux cultures autochtones peut être abordé sous plusieurs angles. En effet, nous pouvons être baisés sur le plan économique, politique, judiciaire… Puisque nos visions du monde sont très différentes, il peut être complexe de comprendre le point de vue de l’autre. Cependant, en réfléchissant à ces aprioris et en les déconstruisant (les isolant), on peut mieux les mettre de côté pour tenter d’entrer en relation ce qui implique une certaine ouverture face au changement que nous apportera une culture tristement étrangère. par exemple, du côté des nationalistes québécois, le rapport au territoire, à la langue, à la démocratie est bien différent. On peut alors s’interroger sur les divergences qui opposent le mouvement nationaliste québécois et la lutte autochtone. Ma rédaction se dirigera donc vers ce questionnement en explorant en quoi le nationalisme québécois entre en contradiction avec la reconnaissance des peuples autochtones?
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Plan de la dissertation
Intro :
Dans l’introduction (en exergue une citation qui oriente vers l’esprit de la réflexion (image ou citation))

« Maîtres chez nous! »
Affiche électorale du Parti libéral du Québec en 1962
- Amener le sujet : Depuis plusieurs année, la question des droits et de la culture autochtone est de plus en plus présente dans l’espace publique et politique au Québec.
- Expliquer la problématique : Les cultures autochtones restent éloignées de notre vision du monde et des projets de société qu’élaborent la politique québécoise. Tout en gardant la volonté de « reconnaitre » les peuples autochtones à leur juste valeur, les tentative de réconciliation n’ont pas porté fruit. Cela peut être dû au manque de relation avec ces derniers, une relation qui serait entravée par de nombreux aprioris dont nous devons prendre conscience pour s’en départir.
- Question : En quoi le nationalisme québécois entre en contradiction avec la reconnaissance des peuples autochtones?
Développement :
• Conséquences subjectives : Dès le début du cours, la question du nationalisme a été abordée en classe comme étant obligatoirement opposée à la question des cultures autochtones. J’ai donc voulu approfondir mes recherches sur le sujet et voir dans quelle mesure mon penchant nationaliste constituait un apriori m’empêchant d’entrer en relation avec les cultures autochtones en considérant que je ne pouvais en faire totalement fi.
• Espace public : Pour certaines communautés autochtones, le nationalisme représente une forme d’imposture. En effet, une certaine branche du mouvement aurait tendance à s’approprier leur lutte pour justifier leur position politique et leur droits territoriaux. D’autres, quant à eux, visent plutôt une réflexion autour gains possibles pour les premières nations d’une future séparation avec le Canada qui, jusqu’à lors, est responsable des réserves et des communautés.
• Fonction sociale : Dans un roman comme Taqawan, il est toutefois souligné les problèmes historiques liés à la lutte nationaliste et la gestion des réserves: alors que des policiers effectuaient des descentes dans la réserve de Restigouche, le gouvernement fédéral et provincial se livraient à une lutte de pouvoir laissant de côté la souffrance vécue par les Micmacs.
• Réflexion plus théorique : Déjà à travers la langue, on peut voir un grand écart entre les textes nationalistes québécois populaires et les textes d’auteur.e.s autochtones parcourus dans le cadre du cours. En effet, la façon de définir le territoire est tout à fait différente. Pour le peuple québécois, ce dernier représente une propriété que l’on doit se réapproprier, alors que certaines langues autochtones n’ont même pas de déterminants possessifs. Le rapport au territoire est tout autre. Non seulement la langue diffère, mais la conception même du territoire des Québécois et des Autochtones ne vont pas du tout dans le même sens. En effet, pour les autochtone, la Terre n’appartient à personne et représente une demeure, alors que pour les Québécois, le territoire peut être cartographié et légiféré. Même la façon dont se nomme le peuple québécois en dit long sur le rapport à la terre. Les innu, par exemple se définissent comme humain et non comme un être natif d’un pays régit par la loi. Enfin, l’idée même de loi et de pays est une différence de taille entre la nation québécoise et la nation autochtone. « Mais lorsque, comme moi, on appartient à un peuple minoritaire dont la langue et la culture, menacée d’extinction, ont été la cible d’une politique d’éradication, faire acte de présence est déjà un geste de désordre politique. » Joséphine Bacon
• Analyser si c’est d’intérêt public : Encore aujourd’hui, la question nationaliste soulève toujours les débats lors d’élections. Bien que le sujet soi moins présent qu’à la fin du 20e siècle, il n’en reste pas moins que plusieurs artistes nationalistes défendent le fait français en Amérique. Ils ne peuvent cependant plus ignorer la question autochtone. C’est le cas par exemple de Manu militaris qui, dans sa chanson « Je me souviens », déplore l’implication des québécois dans la colonisation. « Grand-maman dit même qu’on a du sang amérindien. J’me demande si on en a plus dans nos veines ou sur nos mains. »
Conclusion :
• Changement des institutions : L’éducation devrait être modifiée et mise au goût du jours afin de bannir de ses manuels les informations provenant du colonialisme. Le but n’étant pas de censurer ces informations, mais de présenter des faits plus objectifs reflétant la situation réelle (point de vue des communautés autochtones).
• Ouverture: La question de la souveraineté ne semble plus au cœur du débat politique ou de la question de justice sociale, mais il pourrait être intéressant d’explorer les possibilités qu’offre cette alternative politique.
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Dissertation
Nationalisme et cultures autochtones
Depuis plusieurs années, la question des droits et des cultures autochtones est de plus en plus présente dans l’espace public et politique au Québec. Récemment, la découverte de sépultures d’enfants autochtones sur les sites d’anciens pensionnats a secoué la population et le gouvernement. Dans les médias, le sujet est rapidement devenu le centre des discussions et des débats. Bien que les enjeux liés aux Premières nations soient de plus en plus visibles, il n’en reste pas moins que le grand écart entre le mode de vie des Autochtones et le nôtre, peut causer d’importantes divergences liées aux projets de société que devrait élaborer la politique québécoise. Malgré la volonté de « se réconcilier » avec les peuples autochtones, les piètres tentatives du gouvernement n’ont, jusqu’à maintenant, pas apporté les changements espérés. Peut-être devrions-nous y voir un refus de la part de l’État quant à la possibilité d’établir une relation avec les peuples autochtones. En effet, le concept même de relation implique une ouverture qui pourrait amener les deux parties à se transformer. Ces démarches infructueuses de la part du gouvernement ont également pu être entravées par de nombreux aprioris dont nous sommes tous munis et dont nous devons nous défaire afin de pouvoir mieux comprendre les cultures d’autrui. En réfléchissant à cette problématique et à mes propres aprioris, j’en suis venue à me demander en quoi le nationalisme québécois écarte la possibilité d’une relation avec les peuples autochtones.
Dès le début du cours, la question du nationalisme a été mise en opposition avec le sujet que représentent les cultures autochtones. En fait, le nationalisme québécois implique une certaine réappropriation du territoire. Il est toutefois paradoxal de penser se « réapproprier » un territoire qui était déjà habité par d’autres et qui ne nous a jamais vraiment appartenu. Tout en étant consciente de ces contradictions, j’ai débuté ma réflexion autour de la possibilité de conjuguer le nationalisme québécois et la lutte autochtone. J’ai donc voulu approfondir mes recherches sur le sujet et voir dans quelle mesure mon penchant nationaliste constituait un apriori m’empêchant d’entrer en relation avec les cultures autochtones en considérant que je ne pouvais en faire fi. Ainsi, en observant les manifestations de la quête nationaliste à travers plusieurs œuvres et documents traitant du sort des nations autochtones, j’ai pu repérer certaines particularités du mouvement identitaire québécois pouvant générer un obstacle de taille quant à la possibilité d’établir une relation avec les peuples autochtones.
Tout d’abord, la question du nationalisme québécois ne fait pas consensus au sein des communautés autochtones. Effectivement, comme plusieurs mouvements ou idéologies, le nationalisme est lui-même divisé. Selon la capsule vidéo de Melissa Mollen Dupuis[1], réalisatrice, animatrice de radio et militante pour les droits des Autochtones, une certaine branche du nationalisme constituerait une forme d’imposture. Certains auraient tendance à s’approprier la lutte des Premières Nations pour justifier leur position politique et leurs droits territoriaux en arguant qu’ils ont eux-mêmes du sang d’ancêtres autochtones. D’autres, quant à eux, visent plutôt une réflexion autour des gains possibles pour les premières nations lors d’une future séparation avec le Canada qui, jusqu’à lors, est responsable de la « gestion » réserves. Ainsi, ce ne serait pas toutes les divisions du mouvement nationaliste qui entrerait en contradiction avec la lutte autochtone.
Du côté historique, les partis souverainistes ont élaboré certains projets ayant nui aux Premières Nations. Dans le roman Taqawan, il est d’ailleurs souligné les problèmes liés à la gestion des réserves au cours du 20e siècle. Alors que des policiers effectuaient des descentes dans la réserve de Restigouche, le gouvernement fédéral et provincial se livraient à une lutte de pouvoir laissant de côté la souffrance vécue par les Micmacs.[2] La réserve avait alors subi les ressacs d’une lutte politique qui ne l’incluait pas. On peut également penser aux barrages hydroélectriques qui ont permis la création d’une entreprise nationale aux dépens de l’écosystème du territoire et de la flore chers aux communautés habitant la région.
De plus, on peut voir un grand écart entre les textes nationalistes québécois et ceux d’auteur.e.s autochtones parcourus dans le cadre du cours. En effet, la façon de définir le territoire est tout à fait différente. Pour les nationalistes, ce dernier représente une propriété que l’on doit réquisitionner[3], alors que certaines langues autochtones n’ont même pas de déterminants possessifs. Non seulement les mécanismes de nos langues diffèrent, mais la conception même des Québécois et des Autochtones du territoire ne vont pas du tout dans le même sens. Pour les Autochtones, la Terre n’appartient à personne et représente une demeure, alors que pour les Québécois, le territoire peut être cartographié et légiféré. Même la façon dont se nomme le peuple québécois en dit long sur le rapport à la terre. Les Innus par exemple se définissent comme humain et non comme un être natif d’un pays régit par la loi.[4]
De plus, plusieurs textes analysés dans le cadre du cours montrent qu’une victimisation des peuples ayant subi de l’oppression et peut mener à une lutte entre ces derniers : « Il existe de toute évidence des milliers d’individus comme moi-même qui barbotent dans leur propre sentiment d’injustice et qui grincent avec la roue, « mon problème est plus grave que le tien ». »[5]Le Rapport de la commission d’enquête montre aussi que la lutte des francophones au Canada a tenté de mettre de côté celle des Premières Nations : « Au fur et à mesure que s’affirme la volonté politique d’assurer la survie de la culture canadienne-française par la colonisation, c’est l’existence même de ces nations que l’on tend à effacer, d’abord des livres d’histoire, puis du territoire. »[6] Enfin, l’idée même de lois et la conception d’un pays suivant ces décrets peuvent sembler absurdes aux yeux de certains Autochtones : « Que le Blanc garde ses lois et règlements et qu’ils lui servent à lui, parce que c’est de sa culture qu’il s’agit. »[7]
Encore aujourd’hui, la question nationaliste soulève les débats lors des élections. Bien que le sujet soit moins présent qu’à la fin du 20e siècle, il n’en reste pas moins que plusieurs artistes nationalistes défendent le fait français en Amérique. Ils ne peuvent cependant plus ignorer la question autochtone. C’est le cas par exemple de Manu Militari qui, dans sa chanson « Je me souviens », déplore l’implication des Québécois dans la colonisation : « Grand-maman dit même qu’on a du sang amérindien. J’me demande si on en a plus dans nos veines ou sur nos mains. »[8]
En bref, l’historique de partis nationalistes ayant bâti des infrastructures bénéficiant à l’économie du Québec plutôt qu’au territoire, le rapport qu’on les nationalistes à ce même territoire que l’on peut entrevoir à travers notre langue et la victimisation du peuple québécois sont des éléments pouvant nuire à l’établissement d’une relation avec les différentes communautés autochtones. Cependant, toutes les divisions du mouvement nationaliste n’excluent pas la lutte autochtone de leur cause. Comme mentionné précédemment, l’histoire a écarté les nations autochtones des manuels ne laissant aucune place à leurs cultures. Modifier l’éducation et le programme permettrait alors de bannir des manuels les informations provenant du colonialisme. Certains préjugés pourraient ainsi être démentis. Il serait intéressant de voir un manuel rassembler le point de vue nationaliste de Québécois et celui des Premières Nations.
[1] Mélissa MOLLEN DUPUIS, Paroles autochtones : Les mouvements nationalistes, Radio-Canada, 10 septembre 2019, 3 min 58, dans Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=njSgDiz3l8I&ab_channel=Radio-CanadaInfo (Page consultée le 6 mai 2022).
[2] Éric PLAMONDON, Tqawan, Montréal, Le Quartinier, 2018, p. 92-98 (Coll. « Écho »).
[3] Le slogan « Maîtres chez nous » repris par le Parti libéral du Québec en 1962 illustre bien ce mode de pensée
[4] Innu signifie être humain en Innu-aimun
[5] Jim HARISSON, « Seule la terre est éternelle », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=963 (Page consultée le 6 mai 2022).
[6] « Rapport final CERP : Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics : écoute, réconciliation et progrès », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=1046 (Page consultée le 6 mai 2022).
[7] « Je suis une maudite sauvagesse », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=1042 (Page consultée le 6 mai 2022).
[8] [Manu Militari], Je me souviens, 27 mars 2014, 8 min 13, dans Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=8-tAYdL63uw&ab_channel=ManuMilitariTV (Page consultée le 9 mai 2022).
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Médiagraphie
Coulthard, Glen Sean, Peau rouge, masques blancs, Éditions Lux, Montréal, 2018
« Je suis une maudite sauvagesse », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=1042 (Page consultée le 6 mai 2022).
« Joséphine Bacon », s.d., dans Remi LAROCHE, dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=5766 (Page consultée le 6 mai 2022).
MOLLEN DUPUIS, Mélissa. Paroles autochtone: Les mouvments nationalistes, Radio-Canada, 10 sept. 2019, 3 min 58, dans Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=njSgDiz3l8I&ab_channel=Radio-CanadaInfo (Page consultée le 1er mai 2022).
PLAMONDON, Éric. Taqawan, Montréal : Le Quartanier, 2018, 214 p. (Coll. « Écho »).
« Rapport final CERP : Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics : écoute, réconciliation et progrès », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=1046 (Page consultée le 6 mai 2022).
« Seule la terre est éternelle », s.d. dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=963 (Page consultée le 6 mai 2022).
« Théorie de la justice (1987) », s.d., dans Éthique et politique, http://www.philo-cvm.ca/?page_id=955 (Page consultée le 6 mai 2022).